Pourquoi une convention-cadre sur la santé globale

Un nombre croissant de constitutions nationales et de traités reconnaissent le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mental. Toutefois, la persistance d'immenses inégalités en matière de santé démontre que quelque chose de plus est nécessaire pour que ce droit soit une réalité pour tous. Le droit à la santé lui-même appréhende mal les forces comme l’économie, la migration et les régimes de propriété intellectuelle qui déterminent en partie sa réalisation, ainsi que l'importance de la coopération mondiale pour la réalisation de ce droit notamment son financement.

 

Pendant ce temps, les structures et les processus efficaces et légitimes sont largement absents pour assurer l'action et la responsabilité, créer une démocratie légitime et une gouvernance globale pour le droit à la santé. Le monde est axé sur les objectifs de développement durable post-2015, mais ceux-ci sont peu susceptibles d'avoir un cadre de gouvernance et de responsabilité qu’exige leur succès, tandis que les facteurs critiques impactant sur la santé mondiale tels que le commerce, l'investissement et les régimes de propriété intellectuelle sont peu susceptibles d’être traitées efficacement.

 

 

 Parce que le droit à la santé est menacé au Cameroun…

 

Une convention-cadre sur la santé globale pourrait créer un cadre du droit à la gouvernance de la santé. Elle serait un traité mondial de santé sur la base du droit à la santé visant la réduction des inégalités sanitaires nationales et mondiales. Elle fournira des normes garantissant les soins de santé et les déterminants fondamentaux de la santé, comme l'eau potable et les aliments nutritifs pour tous, avec un cadre de financement pour assurer les fonds suffisants et soutenus tout en abordant les déterminants sociaux de la santé.

 

Cette convention établirait une compréhension de la transformation du droit à la santé pour créer l'obligation de rendre compte -aujourd'hui disparue- et adapter ce droit à notre monde globalisé. Elle établirait des voies vers l'équité sanitaire avec un intérêt particulier pour les populations marginalisées et la prise des décisions plus inclusives et démocratiques sur les questions de santé et les préoccupations connexes aux plans national et international.

 

Le traité définirait clairement les obligations extraterritoriales, tout en s'assurant que les politiques dans d'autres secteurs répondent aux besoins de santé publique, notamment en élevant le statut de la santé et en exigeant le respect du droit à la santé dans d'autres régimes juridiques internationaux, tels que le commerce et l'investissement. Le traité va promouvoir des mécanismes solides de responsabilisation interne et un cadre de conformité efficace pour la convention elle-même, notamment des incitations innovantes et des sanctions.

 

Les protocoles de la convention-cadre pourraient régler plus de précision les problèmes de financement, des travailleurs de la santé, de la recherche et du développement.

 

L'Action pour l’Humanisation des Hôpitaux(ACTHU), membre du comité exécutif de l'Alliance sur la convention-cadre sur la santé globale(Alliance FCGH en anglais), invite les organisations et les individus de toutes les sphères de la vie publique qui refusent de tolérer les inégalités exorbitantes de santé qui persistent au Cameroun à se joindre à nous.

 

Nous croyons que la force de la loi couplée aux puissants mouvements sociaux peut créer un changement pour une santé et une justice pour tous.

Communiqué, hôpitaux: Où est passée la sécurité des bébés?

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«Il est porté à la connaissance du public que pour renforcer la sécurité des bébés dans les hôpitaux, le Ministre de la santé prescrit que les personnes accompagnant une parturiente soient désormais présentées par elle et formellement identifiées par une carte d'identité dans un registre et le port d'un badge d'accès à la maternité. Il est prescrit par ailleurs la limitation des accompagnants à deux maximums et demande à chacun le strict respect des zones de restriction d'accès et des heures de visite aux malades. Ces mesures de sécurité sont valables tant pour les civils que pour les militaires.»

Voilà in extenso, le communiqué du Ministre de la sante publique du Cameroun paru le 06 mars 2012 dans le quotidien à capitaux publics «Cameroon Tribune».
Dès la publication de ce communiqué, l’Action pour l’Humanisation des Hôpitaux (ACTHU) avait fait une déclaration dans laquelle elle doutait du sérieux de la note ministérielle. Voici ce qu’ACTHU en pensait :

« Ce communiqué laconique, à la lecture, donne l'impression que le Ministère de la santé publique n'est pas lui-même convaincu de l'efficacité des mesures de sécurité des bébés dans les hôpitaux qu'il demande au public de respecter; étant donné que le message est brouillé par des imprécisions et sous-entendus. Il y a notamment:

  • L'absence d'une date pour le démarrage de l'opération. La seule indication, qui n'en est d'ailleurs pas une, est «désormais». En restant aussi vague sur la date, le Ministère de la santé entretient expressément le doute et la confusion dans les esprits.
  • Le support de communication. Le Minsanté est libre de choisir le média par lequel il souhaite passer son message. Mais «Cameroon Tribune» n'est pas accessible à toutes les couches sociales. Cette option de restriction est surprenante eu égard au fait que ce Ministère est coutumier des conférences de presse pour annoncer des évènements moins importants.
  • Le profil des formations hospitalières. Le communiqué est muet à ce sujet. A supposer qu'il s'agisse de tout établissement de soins de santé public ou privé comportant un bloc maternité fonctionnel, il serait curieux de savoir comment le Ministère de la santé fera appliquer ses mesures dans les nombreux centres de santé clandestins qu'il a de la peine à traquer depuis plusieurs années.
  • Le financement de l'opération: Si cette mesure venait à être appliquée: elle permettrait de créer une multitude de postes de contrôle devant nos maternités et de recruter des agents de sécurité. En plus, il faudrait munir tous ces postes de badges et de registres. Un investissement considérable que la plupart des établissements de soins privés et publics, sans le soutien du Minsanté, feront supporter aux patients et usagers.
  • La fixation sur les maternités. Le communiqué parle de la sécurité des bébés dans les maternités; et pourtant, ce ne sont pas les seuls endroits où séjournent les bébés dans les hôpitaux. Quelles sont les mesures prises pour la protection des bébés dans d'autres salles de soins? Va-t-on par exemple créer des postes de contrôles devant les blocs pédiatriques qui hébergent également des bébés?
  • L'extension de la mesure aux militaires. Il y a quelques mois dans un hôpital de référence de la ville de Douala, un militaire a tabassé des personnels médicaux qu'il accusait de négligence sans que le Ministère de la santé n'y trouve d'inconvénient. En étendant la mesure aux militaires, le Minsanté tente de faire croire au public qu'il est impartial et que la politique du «Deux poids deux mesures» est désormais révolue.

Ce communiqué a visiblement été fait à la hâte pour au moins une raison. Le Ministère de la santé publique, qui a brillé par huit mois de silence sur l’affaire du bébé disparu à l'hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, voudrait se sauver la face. Au cours d'une émission de débat, le Minsanté a dit que quatre bébés ont été volés dans les hôpitaux camerounais en 2011; mais, bizarrement, il n'a ni alerté le public ni officiellement sanctionné les coupables de tels actes odieux.

Aujourd'hui, à la faveur d'un scandale, ce Ministère choisit d'annoncer «en catimini» des mesures de sécurisation des maternités. Ces mesures iniques présentent les patients et les usagers comme étant les seuls, sinon les principaux responsables des vols de bébés dans les hôpitaux; c'est inacceptable! Le Minsanté feint d'ignorer que ce phénomène est entretenu en amont par des personnels de santé et administrateurs des Hôpitaux en quête de gain facile. »

Plus de deux ans après son communiqué, le Ministre de la sante publique  a donné raison à ACTHU. Les structures hospitalières continuent de fonctionner sans le dispositif de sécurité annoncé. Les bébés ont encore été volés.  
 
ACTHU reste convaincue que la réforme hospitalière, en attente d’application depuis plus de sept ans, serait un début de solution aux problèmes des hôpitaux au Cameroun.

C’est pourquoi, ACTHU demande aux pouvoirs publics de sortir des tiroirs et d’appliquer cette réforme pour soulager les souffrances des usagers du système hospitalier.

 

                                                               

L'Action pour l'Humanisation des Hôpitaux (ACTHU) œuvre pour la sécurité du patient et la réduction des inégalités à l’accès aux services de santé au Cameroun.

ACTHU fait un travail d’information publique et de pression politique pour obtenir un engagement croissant des autorités en faveur du respect des droits de la personne hospitalisée.

 

 

Parallèlement, ACTHU informe les patients à propos de leurs droits et renforce les capacités des individus et des communautés en tant qu’acteurs de leur santé.